J’en ai bien peur.
Mais il y a bien d’albums de lui que j’avais abordes ici il y a un certain temps, ainsi, comme le cycle de l’hiver dernier est surtout consacre a de l’inedit (j’ai malgre tout reaborde des albums, tel Together Through Life et Shot Of Love), c’est au compte-gouttes, de temps en temps, que je vous propose de nouvelles chroniques sur ses albums. Apres Blonde On Blonde et Street-Legal, deux albums tellement divers que leur seul point commun reste de devenir des albums du Barde, place a Nashville Skyline. Un album qui compte parmi nos plus particuliers de Dylan, et accessoirement, parmi mes preferes. Et j’aurais beaucoup du mal a vous expliquer pourquoi, parce que cet album, il va falloir le savoir, reste votre disque, essentiellement, de country, ainsi, la country, franchement, dans l’ensemble, je n’en suis jamais fan vraiment. J’aime deux-trois albums de ci de la, de Willie Nelson ou Gram Parsons, mais c’est a peu pres tout. En fera, si c’est autant cet album de Dylan, c’est parce qu’il est vraiment bizarre. On a l’impression que Dylan a voulu niquer sa carriere, avec ce disque. Mais en fait, quelque part, c’est ce que Dylan tentait de faire depuis le precedent opus, John Wesley Harding, sorti en 1967. Cet album faisait apri?s monumental Blonde On Blonde, premier double album de l’histoire du rock, 1 album tres rock, baigne d’orgue electrique (Al Kooper) notamment, en part enregistre a Nashville, mais ca ne se ressentait pas a l’ecoute. Puis Dylan semble avoir eu un accident de moto, qui l’a laisse eloigne des studios pendant deux moment, en convalescence. Se reposant a West Saugerties, dans l’Etat de New York, non loin de Woodstock, dans une maison rose, il enregistre, dans la cave de cette maison, avec le Band (son groupe accompagnateur pour des concerts de 1966), une enculade de chansons, plus d’une centaine : nos Basement Tapes, qu’on ne propose plus.
Cela enregistre John Wesley Harding, album de chansons folk mystiques (aucune des 12 chansons n’est une Basement Tape), qu’il sort en 1967.
Apres Blonde On Blonde, c’est 1 retour a toutes les sources assez difficilement compris par le grand public, une sorte de renvoi en arriere assez en gali?re adore, malgre que l’album soit une totale reussite. Puis Dylan se barre a Nashville. La, il va enregistrer son nouvel album, Nashville Skyline. La, il va surtout collaborer, le temps de sessions officiellement commercialisees sur le 15eme (et dernier a votre jour) Bootleg Series, Travelin’ Thru, mais qui auparavant etaient vendues en bootlegs, avec Johnny Cash. Johnny Cash, l’homme en noir, celui qui, en 1968, a explose a la face du monde avec le live At Folsom Prison, et qui, en 1969, recidive avec tout cela aussi genial live At San Quentin, deux albums enregistres en taule (il n’y etait gui?re, mais se produisait souvent pour les taulards), deux pierres angulaires. Johnny Cash, le paradoxe vivant (accro a Plusieurs drogues, ayant chante dans Folsom Prison Blues avoir bute un mec a Reno rien que dans le but de voir quelqu’un mourir ; puis un mec terriblement croyant, pieux). Cela semblait obligatoire que tot ou tard, des deux, le folkeux et le site loveagain countryman, ne fassent un truc ensemble. Un album, un concert, votre barbecue, quelque chose, quelle que soit quoi. Ca sera fromage et dessert : des sessions studio, ainsi, une participation de Dylan au “Johnny Cash Show”, a J’ai TV. Les sessions, au final, ne donneront, via Nashville Skyline, qu’un morceau, qui ouvre magnifiquement le disque : une reprise de Girl From The North Country, chanson que Dylan avait faite en 1963 Afin de son deuxieme album. Cash signe aussi les jolies notes de pochette. Le reste de l’album est sans Cash, mais possede votre indubitable atmosphere country nashvillienne, ainsi, les musiciens seront principalement Pete Drake, Kenny Buttrey, Chalie McCoy, des pointures du genre et de Nashville.
L’album est sorti sous une pochete inhabituelle : Dylan sourit, gentiment, commande en contre-plongee sous votre ciel hivernal, guitare acoustique pose i ci?te et chapeau que celui-ci souleve en salutation. Dylan qui sourit, c’est limite choquant. Aussi choquant que la duree de l’album : 27 minutes. C’est, ainsi, de loin, le plus court des albums du Barde, c’est aussi long que n’importe laquelle des deux faces de le album Desire de 1976. J’me souviens de ma reaction quand j’ai achete le disque et glisse au lecteur CD (le minutage des morceaux n’apparait nulle part dans le CD) : l’impression de me faire avoir. 27 minutes, c’est minable, comme duree. Mais du coup, l’album parait avoir la bonne duree, et ca retrouve ce que je disais plus haut : Dylan semblait vouloir s’autosaborder. Apres 1 disque mystique, place a en country, a un disque formate a l’ancienne (27 minutes n’est pas une duree rare concernant 1 album des annees 50/60), ainsi, qui plus est, ici, Dylan intronise sa nouvelle voix, qu’il va conserver jusqu’a 1971 environ : une voix de crooner, roucoulante, manieree, loin de sa voix rapeuse ou cynique. J’ai voix que celui-ci aura dans le album suivant, le double Self Portrait de 1970, qui enfonce le clou, mais Nashville Skyline n’a gui?re juste porte nos premiers coups de marteau sur le clou, il a carrement ete acheter le clou et le marteau au Bricorama du coin. Offrant le gros tube Lay, Lady, Lay, et le ordinaire I Threw It All Away, l’album ne est que rarement super bien accueilli a sa sortie, les individus auront de la peine a piger comment Dylan avait pu sombrer dans autant de facilite. C’est en country nashvillienne de haute qualite, mais sans requi?te, il est grand. Chansons d’amour, chanson via 1 amour en crise, les themes ne sont pas varies. Il va i?tre de prime aborde ardu d’aimer Peggy Day, Country Pie, Tell Me That Isn’t True ou One More Night. Qui ne sont gui?re des miracles de chansons d’ailleurs. Mais Tonight I’ll Be Staying here With You est un monument, i§a. Non, du coup, c’est vraiment ardu d’expliquer pourquoi c’est un de mes preferes du Barde. Vraisemblablement parce que sa courte duree le rend facile a ecouter, une demi-heure de trou ? Hop, on pose le disque sur la platine, ca va le combler, ce trou, plus qu’avec du Rubson. Et le caractere un brin facile de l’album. Et la pochette, sublime. Et le son, genial. Et. Non, en fera, difficilement explicable. Nashville Skyline reste peut-etre un des meilleurs albums de Dylan, meme quand il n’est jamais si rare que ca de lire l’inverse a le sujet.